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Mon "Aspergirl" et moi - épisode 2

Petit rappel, cet article fait suite à un premier épisode, présentant mon Aspergirl et moi, ainsi que notre histoire et son diagnostic de « TSA-SDI ». Si vous ne l’avez pas lu, je vous conseille de le faire, ou à minima d’en consulter au moins les premiers paragraphes.


Cet article va se focaliser sur notre quotidien et les problématiques liées à l’organisation.


Introduction

Ça a l’air simple comme sujet, après tout le quotidien c’est ce que je vis tous les jours, rien de bien compliqué à écrire ! Hé bien en fait, non. Il y a tellement de points différents à aborder, et un historique assez long, car ça fait quand même sept ans qu’on vit ensemble, et heureusement on n’a pas attendu le diagnostic de TSA pour mettre en place des compromis qui nous permettent de bien fonctionner ensemble ! Autant vous dire que dans ma tête, il y a plein de sujets que je voudrais aborder, mais c’est un gros fouillis dans mon carnet (oui, j’écris à l’ancienne d’abord, au stylo sur un carnet, avant de passer sur l’ordinateur). Il m’a fallu plusieurs essais pour arriver à en sortir des articles cohérents.


Commençons par poser les bases, nos caractères respectifs. Anne est carrée, méticuleuse, attentive au moindre détail, organisée et a un fort besoin d’anticiper et contrôler le moindre aspect de sa vie. Moi je suis bordélique, inattentive, désorganisée, procrastinatrice, et je n’aime pas du tout planifier.


Yoda dessiné

C’est sûr, quand on lit ces lignes, ça a l’air franchement mal barré pour cohabiter ! Mais il manque quelques informations critiques : d’abord, on s’aime (oui, c’est un peu vieux jeu, mais c’est quand même le principal dans une relation !), on est toutes les deux prêtes à faire des compromis, et surtout j’ai une patience à toute épreuve.


J’ai aussi une bonne capacité à prendre du recul, analyser une situation et attendre le moment propice pour proposer des solutions concrètes. La clef de voûte de notre fonctionnement, c’est notre communication et notre volonté de trouver des compromis afin que chacune y trouve son compte (mais ils ne sont pas forcément égalitaires !).


Les tâches ménagères, comment on fait ?

Un bon exemple est notre répartition des tâches ménagères : elle n’est pas égalitaire, Anne en fait beaucoup plus que moi. Mais c’est un compromis entre son besoin que tout soit nickel et parfaitement rangé, et mon besoin de ne pas trop en faire, ainsi qu’avec nos envies respectives. Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, bien sûr. Au fur et à mesure de notre vie commune, on a remarqué ce qui n’allait pas pour l’une ou l’autre, et l’on en a discuté.


Par exemple, Anne n’aime pas du tout faire la vaisselle, je n’aime pas trop faire la cuisine. Du coup, elle fait la cuisine tous les jours, même si ça lui prend plus de temps que moi pour faire la vaisselle.



Femme faisant le ménage dessiné

Pour les courses, Anne a besoin d’avoir toujours les mêmes marques et mêmes références, elle est très précise dans ses attentes. Aussi, même si c’est dur pour elle, elle estime que c’est à elle de le faire, car elle veut être sûre qu’elle aura exactement ce dont elle a besoin pour la cuisine. Du coup elle y va avec casquette (hypersensibilité à la lumière), casque (hyperacousie) et si possible tôt le matin ou dans l’après-midi pour éviter la foule (difficultés sociales).


Pour le ménage, elle a fini par accepter que je le fasse de manière « light », de son point de vue, ce qui me permet de participer un peu ! Au début de notre relation, il lui fallait un ménage à fond presque toutes les semaines. Elle a peu à peu accepté que ça se réduise et que ce ne soit pas nickel en permanence. Par exemple, si elle nettoie la salle de bain, ça lui prend facilement plus d’une heure, tandis que moi j’ai terminé en 20 minutes (et de mon point de vue, c’est très propre !). De mon côté j’ai accepté d’en faire un peu plus souvent que ce qui me semble nécessaire.


Ça évolue petit à petit, maintenant elle me laisse aussi faire le nettoyage de la cuisine régulièrement, elle a vu qu’avec mon coup de « ménage rapide », ça suffit à entretenir et garder à peu près propre. Même si de temps en temps elle ressent le besoin de faire un peu plus en profondeur, et dans ce cas c’est elle qui le fait.


Et c’est ainsi pour toutes les tâches ménagères, chacune a donné lieu à une discussion afin d’arriver à une répartition qui réponde au mieux à nos besoins/envies respectifs.


Le planning, c’est vital !

Cela m’amène au planning ! Car pour mon Aspergirl, tout doit être prévu, il n’y a rien de plus stressant que de se lever un dimanche matin, de n’avoir rien de prévu et de se retrouver sans savoir ce qu’elle va faire ! Alors que moi au contraire, ça me plait beaucoup :)


Là encore, tout est une question de compromis. Je n’aime pas planifier ma vie personnelle, cependant j’ai accepté de prévoir des créneaux pour mes tâches ménagères. Ainsi, je peux le faire quand j’en ai envie (c’est moi qui choisis mon créneau), et mon Aspergirl peut s’organiser en fonction de ça, et en plus ça évite qu’elle me demande plusieurs fois par jour quand je compte le faire.


À l’exception des tâches quotidiennes (telles que le travail, la cuisine et la vaisselle) et hebdomadaires (pour ça, on a réservé le dimanche à 10 h), l’ensemble de nos tâches et activités (ainsi que les congés) sont gérées dans notre planning en ligne : les corvées en gris, les créneaux de Anne en bleu, les miens en vert, les communs en jaune, et en rouge les points importants, par exemple les créneaux de répits.


Agenda

Les répits, une pause nécessaire

Ces créneaux de répits sont assez nouveaux dans notre organisation, ce sont des moments où l’une de nous deux estime qu’il ne faudra pas prévoir de socialisation ni de sorties, afin de se reposer (après un week-end ou une semaine trop remplie par exemple). Cela permet à Anne de regonfler ses batteries.


On a mis en place à la suite de son diagnostic quelques règles, en réalisant à quel point toute socialisation pouvait l’épuiser, même avec la famille ou des amis proches et bienveillants. Ces règles sont les suivantes :

Lama dessiné

  • Pas de socialisation deux jours à la suite, il faut un minimum d’un jour de répit (voir plus si c’est en semaine et qu’elle travaille !)

  • Limiter le nombre de personnes rencontrées, préférer les sorties en petit comité. Au-delà de 8/10 personnes, il y a trop de bruit de fond pour qu’elle arrive à suivre une conversation, donc c’est encore épuisant.

  • Garder des week-ends de répit entier : aucune socialisation ou sortie, au moins une fois par mois, pour lui permettre d’avoir des temps de repos suffisant pour affronter le reste de monde ensuite


Pour l’instant, ça a l’air de marcher, mais c’est assez difficile de juger à l’avance ce qui va être épuisant ou pas, on teste, et puis on ajustera au fur et à mesure.


Et moi dans tout ça ? Fort heureusement, je ne suis pas particulièrement sociable, donc dans l’ensemble cela me convient. Je profite des restaurants avec mes collègues ou amis de temps en temps (en prévoyant pour que ce soit pris en compte dans les menus et le planning de Anne !). Et surtout, rien ne m’empêche de prévoir des sorties, sans Anne, lors des créneaux de répit par exemple.


La gestion des repas

Il reste un gros point de notre organisation que je n’ai pas encore évoqué, c’est tout ce qui concerne les repas ! On a mis la plupart de ces méthodes en place au fur et à mesure de ces sept années de vie commune, il n’y a pas eu de modifications après le diagnostic.


Anne n’aime pas les changements, elle se rassure dans la mise en place de routines quotidiennes. C’est donc naturellement qu’elle en est venue à préparer des menus tournant sur deux semaines : elle a sa fiche pour chacune de ses deux semaines, et prévoit la semaine à venir en vérifiant avec le calendrier (éventuelles sorties au restaurant par exemple, donc pas de repas à prévoir). Sachant qu’elle prépare aussi nos gamelles pour le repas de midi en semaine, ça fait deux repas par jour à prévoir (le petit déjeuner étant toujours strictement identique).


Avec ces menus, elle sait toujours quoi préparer et quelles courses faire. Elle prépare ses listes de courses dans l’ordre des rayons du magasin, ce qui lui permettra d’y être rapide et efficace. C’est très rigolo de la voir assise, les yeux mi-clos à la table devant sa liste et le menu de la semaine, en marmonnant « Alors… Là on n’a besoin de rien… Là… Ah oui, les boissons ! » et tout d’un coup la voir sauter hors de sa chaise et aller vérifier dans le placard si les stocks sont au complet ! Je suis toujours très admirative de sa capacité à visualiser et se remémorer les choses, moi qui ai la capacité mémorielle d’un poisson rouge.


En parlant de stock, nos placards sont bien sûr tous bien remplis, la plupart des items en cours ayant bien souvent le remplaçant prêt à prendre la relève ! Avec toujours la même marque et référence. Et attention aux ruptures de stock en magasin, c’est en général très difficile pour elle de prendre autre chose. Elle préfère parfois s’en passer, ce qui du coup provoquera une autre crise, car elle n’aura pas le bon ingrédient au bon moment.


Pour conclure

Fée dessiné

Compromis, compromis, compromis ! Il n’y a pas de baguette magique, tout est sujet à discussion, le principal est de bien échanger pour trouver un arrangement qui convienne aux deux. Il est aussi très important d’accompagner son Aspergirl pour l’aider à exprimer ses envies et besoins, et pour qu’elle ne se contente pas de céder aux attentes perçut.

N’hésitez pas à donner votre avis et vos astuces d’organisation en commentaire !


Et sinon, je serais ravie d’échanger sur le groupe WhatsApp pour les adhérents de l’association, ou sur mon courriel : coline.neysa@gmail.com.



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